Sobriété alimentaire : le rôle de l’école
A l’heure où les crises se multiplient – entre inflation galopante, difficultés d’approvisionnement énergétique, urgence climatique et tensions géopolitiques –, la sobriété semble être devenue le nouveau mot d’ordre du gouvernement. Il s’agit de repenser collectivement nos modes de vie pour consommer moins et autrement.
Parmi les nombreux défis qui s’annoncent, celui d’une alimentation durable se révèle particulièrement urgent, à la croisée d’enjeux sanitaires, écologiques et socio-économiques majeurs et fortement interdépendants.
Mais si le défi est global, les actions peuvent et doivent être menées à toutes les échelles. L’école, en tant qu’elle est un lieu privilégié de transmission des savoirs et un espace de restauration collective pour des millions d’élèves, a incontestablement un rôle à jouer pour promouvoir une alimentation sobre et responsable.
Lutter contre le gaspillage alimentaire
Avec une moyenne estimée par l’Agence de la transition écologique (Ademe) à 110 grammes de nourriture jetée par plateau servi et un coût de 68 centimes par convive et par repas, le gaspillage alimentaire au sein des cantines scolaires constitue un sérieux problème environnemental et économique.
Ainsi, par exemple, pour un collège de 500 convives, chaque année ce sont plus de 10 tonnes de nourriture jetée (soit l’équivalent de 22 000 repas), pour un coût moyen de 33 000 euros.
La loi n° 2020-105 du 10 février 2020 relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire, dite Loi « Agec », impose aux opérateurs de la restauration collective de réduire, d’ici 2025, de moitié le gaspillage alimentaire, par rapport à son niveau de 2015.
Les établissements d’éducation, de la crèche à l’université, ont ainsi été amenés à prendre toutes mesures permettant de limiter le gâchis des denrées alimentaires au sein de leurs cantines :
- Réalisation de diagnostics,
- Réorganisation du service et du self,
- Adaptation des repas à l’âge, à l’appétit et aux goûts des élèves,
- Mise en place de solutions pour la réservation des repas, dans le cadre de l’expérimentation prévue par la loi « Climat et résilience » du 22 août 2021,
- Aménagement des cuisines pour une production des repas en flux tendus,
- Redistribution des denrées non consommées à des associations locales,
- Valorisation des déchets par un système de compostage, etc.
Si l’impact réel de l’ensemble de ces mesures reste encore à évaluer, il est indéniable que la lutte contre le gaspillage représente un levier d’action dans une démarche de sobriété alimentaire.
Un autre axe d’intervention, plus en amont, consiste à améliorer la qualité des repas servis ; en d’autres termes, « manger moins mais manger mieux ».
Proposer une alimentation de qualité, durable et de proximité
Issue des Etats généraux de l’alimentation lancés en 2017, la loi dite « EGalim » du 30 octobre 2018 fixe au secteur de la restauration collective des objectifs ambitieux en vue d’une transition vers « une alimentation saine, durable et accessible à tous ».
Dans le cadre de cette loi, les restaurants collectifs assurant un service public sont tenus, depuis le 1er janvier 2022, de proposer des repas composés d’au moins 50% de produits durables ou de qualité (c’est-à-dire bénéficiant de signes officiels d’identification de la qualité et de l’origine, tels que les appellations d’origine contrôlée ou protégée, écolabels, mentions et certifications environnementales, commerce équitable, etc), dont au moins 20% de produits biologiques ou en conversion.
En outre, la loi EGAlim impose à la restauration collective scolaire de s’inscrire dans une démarche de diversification des sources de protéines, supposant notamment la réduction de consommation carnée. Les restaurants scolaires ont désormais pour obligation de servir chaque semaine au moins un repas végétarien (ne comprenant ni viande, ni poisson, ni crustacé). Un plan annuel de diversification des protéines incluant des alternatives à base de protéines végétales doit également être proposé par les restaurants assurant plus de 200 couverts par jour.
Enfin, les services de restauration collective sont encouragés à développer l’acquisition de produits issus du commerce équitable et à favoriser autant que ce peut une alimentation de proximité, en privilégiant les circuits courts de production et de distribution, via par exemple leur participation à un projet alimentaire territorial (PAT).
Le Conseil national de la restauration collective (CNRC) a publié un guide pratique pour accompagner les acheteurs de restauration collective dans la mise en œuvre de stratégies et techniques d’achat répondant aux différentes obligations de la loi EGAlim.
On le voit, il appartient désormais aux établissements scolaires de veiller tout particulièrement à la qualité non seulement nutritionnelle mais encore environnementale des repas servis à leurs convives. Des considérations éthiques et socio-économiques s’imposent également dans les décisions d’achat, faisant de l’école un acteur important au sein d’un écosystème alimentaire vertueux.
Promouvoir l’éducation au bien manger
Autre rôle essentiel confié à l’école : l’éducation nutritionnelle et alimentaire des jeunes générations. Cette mission n’est pas nouvelle, même si l’approche pédagogique et les thématiques abordées ont évolué.
La Semaine du goût, par exemple, est un événement auquel de nombreux établissements scolaires sont associés depuis plus de 30 ans. A cette occasion, diverses activités sont organisées au sein des écoles, qui vont de l’animation d’ateliers alimentaires et culinaires, à des expositions avec stands de découverte et dégustation de produits, en passant par des rencontres avec des chefs ou encore des visites auprès de producteurs locaux.
Au quotidien, la sensibilisation des élèves à la thématique de la sobriété alimentaire passe par des actions pédagogiques très concrètes et participatives, organisées en classe dans le cadre du programme scolaire ou lors d’activités parascolaires. Les élèves peuvent être ainsi appelés à concevoir une campagne d’affichage dans leurs cantines visant à promouvoir de bonnes pratiques contre le gaspillage alimentaire. Un jardin potager, géré par les élèves et leurs enseignants, se révèle également une initiative intéressante pour découvrir certains fruits et légumes et en comprendre la saisonnalité, tandis que l’installation de bacs à compost donne l’exemple d’un moyen pratique de recyclage et valorisation des déchets.
Des ressources éducatives, kits, supports et fiches sont mis à disposition de la communauté éducative pour accompagner la mise en œuvre de l’éducation à l’alimentation et au goût.
En tant que mairie ou collectivité territoriale, vous pouvez par ailleurs faire appel à OptiMarché pour vous accompagner dans la mise en place de bonnes pratiques d’alimentation et de gestion économique de la restauration.